• J'ai peur, de cette nuit, de la même qu'il y a un an, de mes vêtements en feu sur le balcon, de la lame de couteau sur mon cou, des brûlures de cigarettes sur mon ventre, de la folie dans tes yeux, de mes côtes se fracturant sous ton poids. Du sang sur mon visage, des policiers dans mon salon, de devoir décliner mon identité et la tienne, des menottes, de mon refus de porter plainte, du policier qui me prend à part en me disant que tu recommenceras et que je dois porter plainte afin que tu ne recommences plus. R. se réveille il me voit couverte de sang, à côté d'un policier, il me dit c'est papa qui t'as fait du mal, non mon coeur je me suis cognée ce n'est rien, ne t'inquiète pas. J'ai fini par m'endormir par terre dans la chambre des enfants, de peur que tu ne redeviennes fou. Ce n'était pas que cette nuit notre vie, c'était surtout des rires, les potes, les photos, notre amour, nos enfants, le bon vin, tes petits plats, ton regard posé sur moi, sur nous... Plus de la moitié de nôtre vie en photos, ces milliers d'images que je ne peux ouvrir de peur d'y voir le bonheur de nôtre famille, de voir tout l'amour que tu nous portais et de ne plus me réussir à me lever, de ne plus réussir à avoir la force de continuer...


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  • Vous ne savez pas avec quelle tristesse je dois me séparer de cette petite maison, ce sont nos pires et nos meilleurs vacances de toute notre vie, c'est la fin d'une vie extrêmement belle souvent et parfois dramatiquement violente. Par cette dernière violence, papa nous a quitté après tant de plaisirs dans cette maison, les copains, les apéros, les parties de pétanque, les baignades à la piscine ou à la rivière, la pêche, les grenouilles, le canoé, les dîners, les détentes, le farniente, retaper la maison, redonner vie au jardin, l'achat d'une tente pour notre mariage l'année prochaine et puis ce dernier apéro avec vous, sa folie qui revient avec toute cette violence contre moi et puis un au revoir par un calin pour chacun de vous et il est parti sur l'arbre de M, celui sur lequel il t' avait promis de construire une cabane. Cette nuit à l'attendre,à le chercher partout, à l'appeler, la boule au ventre, la peur que sa violence s'abatte sur moi, sur vous. L'appel aux gendarmes, la recherche et puis vite Madame partez au bout du chemin!!! Ma joie de savoir qu'il est en train de rentrer, qu'il va bien, mais non il n'y a personne au bout du chemin. Mon désarroi: " Il n'est pas là!!!!!" La gendarme "Vous ne pouvez plus rien faire pour lui" Mes appels à mes amis dont aucun ne répond, à mon père et enfin à toi, Agnès, toi la plus proche physiquement mais avec qui je n'ai entretenu avant cet été là, quasiment aucune relation, toi et Stéphanie, les témoins privilégiés de l'effondrement de toute ma vie, de 20 ans de vie commune, de la perte de mon amoureux, de la perte de votre papa, de la perte du sens de ma vie subitement sans que je ne puisse agir, mon impuissance face à son choix irreversible. Cette nuit sans fin, la police criminelle, le SAMU, les gendarmes et moi, vous, les petits princes dorment. Leur réveil, l'annonce de la perte de leur papa "son petit coeur était trop triste alors il s'est arrêté" l'arrivée chez toi Agnès. L'arrivée de mon père qui vient chercher les petits pour pouvoir les éloigner de moi, les éloigner de ma destruction intérieure, de la plaie béante qui déchire mes organes sans que rien ne soit visible. J'ai saigné pendant 2 mois, quotidiennement, des règles qui ne s'arrêtent plus, seule extériorisation de mon intime et profonde souffrance. Je veux que mon physique s'accorde à mon état intérieur,je te demande de me raser les cheveux, tu refuses et me les coupes au carré sous les oreilles, j'ai la coiffure de mon enfance. Je suis redevenue une enfant, je ne suis plus capable de rien, je ne peux pas manger, je ne peux pas parler, je fume et j'erre, je suis collée à mon téléphone, j'attends ton appel, j'attends que tout revienne à la normale. Tout cela n'est pas possible, nous avons déjà invité nos potes pour la Toussaint, pour ton anniv New york et pour Pâque Hashdod, l'été prochain notre mariage enfin, dans cette maison, parce que nous y sommes tellement heureux. Un grand barbecue, une belle fête avec tous ceux que nous aimons et que nous n'avons jamais le temps de voir. Des projets de boulot ensemble, de faire de la photo tous les 2, des brainstorming à n'en plus finir, comme nous aimions le faire, créer enfin mais ensemble, tu m'as appris à me servir de ton appareil afin que je sois prête pour la rentrée et notre retour à Paris que tu n'arrêtes pas de reculer. Et puis plus rien et tout s'écroule, mais le monde continue de fonctionner normalement, sans que personne n'en parle. Le plus bel être sur terre s'en va et personne n'en parle, notre vie s'écroule dans un silence assourdissant.  Une deuxième vie s'ébauche avec toute la pesanteur de ton absence, toute la tristesse du manque de toi. Cette maison est le symbole de la dissociation de ton être, le meilleur et le pire. Je sois m'en séparer car je dois te dire au revoir et réussirnotre survie à trois. je ne sais pas si c'est la bonne décision mais la violence de ta perte y sera, à jamais, attachée. J'espère quevous comprendrez ma décision mes petits princes, je veux m'éloigner de la douleur de ton absence et cette maison en est le symbole. je dois m'en séparer à regret car tu n'as jamais été aussi beau, aussi heureux et aussi calme et appaisé que dans cette maison. Je garde tous les beaux souvenirs et je supprime l'horreur de la fin.


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  • Quelle tristesse que mon seul amour était fou, il aurait pu avoir n'importe quelle autre maladie, sa famille l'aurait soutenu mais là c'était pire que tout s'était l'humiliation, la pire des tares. C'est quoi nôtre problème avec la psychiatrie, pourquoi ce champ de la médecine serait-il honteux, qu'il faut se cacher d'être atteint d'une certaine folie. Pourquoi aller chez le psychiatre serait-il moins glorieux que d'aller chez le généraliste. Dans quelle mesure vaudrait-il mieux ne pas se soigner pour ne pas avoir à affronter la moquerie, le dédain, l'exclusion. La folie effraie, elle bouleverse les codes, détruit les conventions, elle est imprévisible et surtout invisible. Elle surprend tellement qu'on en vient à douter de nôtre vécu, et le fou n'étant pas conscient de sa folie nie également. Le réel n'est plus certain, on doute de tout, une réalité parallèle se construit où tout est permis, la première transgression acceptée, la culpabilité d'avoir accepté cette première humiliation, les transgressions sont de plus en plus graves. Mais le retour à la normale est si brutal que le doute d'avoir vécu un moment avec cet autre toi semble impossible. Je suis déstabilisée je ne sais pas comment agir avec toi et tes deux "moi " si opposés. J'aime tellement tout de toi, tes mains, ta bouche, tes yeux, ta beauté incroyable, ce maniétisme ingérable auquel je n'ai pu résister, ce tourbillon infernal dans lequel tu m'as emporté, toute cette vie que j'ai laissé passer sans exister. Tu te détestais tellement que j'ai essayé de t'aimer toujours plus, de faire tout ce que je pouvais pour que tu parviennes à t'aimer...et je n'ai pas échoué, tes blessures étaient trop anciennes, trop ancrées, je ne pouvais juste pas y arrivé, tu as vécu 19 ans de plus pour moi, pour nous...

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  • Et en même temps comment aurais-je pu ne pas essayer de t'aider, tu te trouvais si nul, je te trouvais magique, tu avais l'impression de tout rater alors que j'aimais tout ce que tu faisais, je t'ai aimé jusqu'à oublier que j'existais et malgré tout, tu es parti, tu ne voulais pas dire à tes parents que même dans ton couple, tu avais échoué, les entendre te dire oualalia il a encore raté celui-là, après tout ce qu'on a fait pour lui. J'aurais aimé que tu puisses leur dire, que tu puisses être là même avec une autre juste présent, juste un père pour les petits et un amoureux ou un ami pour moi, j'aurai tellement aimé que tu réussisses à te voir par le biais de mon regard, tu étais juste parfait et tu ne l'as jamais su. Tu souffrais tellement de ne pas avoir réussi à rembourser tes parents de ce qu'ils avaient investi en toi pour pouvoir briller en société. Mon fils médecin... Que ta réussite puisse donner enfin le sens qu'il n'a jamais eu et qu'ils n'auront jamais à leur vie. Ils se détesteront toujours, elle l'humilieras jusqu'à la tombe. La phrase que j'ai le plus entendu de la bouche de ta chère et tendre manipulatrice de mère en parlant de ton père " ce qu'il est bête celui là !!!" Avec une mimique de dégout, quelle belle image de couple, qu'elle belle image de père, quelle méchanceté, quelle violence... Comment voulaient-ils que tu ais envie de vivre? Ils vous ont tous ratés.... Comment peux-t-on autoriser un couple comme eux à avoir des enfants. Nous avons tous les 2 grandis dans des familles où paraitre devant les autres : les amis, les collègues, les voisins... était plus important qu'être réellement, on faisait semblant, il fallait bien se tenir, il ne fallait pas moufter sinon une bonne claque et au lit. J'ai appris qu'il fallait toujours être d'accord, ne pas déranger les gens, être polie et souriante même avec ceux qui ne le sont pas.

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  • j'ai tout jeté, j'ai tout donné, je me suis débarrassé de tout ce qui venait de là-bas, les produits de beauté, les robes que je portais, les bouteilles de vin que tu aimais, tout était tellement sali par ton geste...Tout ce qui te faisait plaisir me fait trop de peine, je t'ai vu heureux, je t'ai vu épanoui, je t'ai vu la tête pleine de projets, l'envie de travailler ensemble, de créer ensemble, un avenir, des vacances, des potes, un mariage et puis plus rien, ton absence, continuer à vivre, t'attendre, comprendre, ta famillle, le racisme, la bêtise, la méchanceté, le manque de toi, de ta voix, de ton rire, de ta peau, tes accents, les ptits princes... J'essaie mais à la fin de la nuit, le vide, le calme, ce silence...Moi, mes failles, mon incapacité à comprendre tes changements si brutaux, si irrationnels et la peur comme tes mains sur mon cou qui se serrent si fort pour enfin me lacher et me laisser entièrement libre, de tout, de quoi... Je cherche...


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