Ai-je le droit de t'oublier ?

Ai-je le droit de te laisser partir ?

Ai-je le droit de vivre vraiment sans porter tout le temps ton départ ?

Je veux vivre, je veux réussir à apprécier chaque sourire de nos enfants, chaque matin ensoleillé...

Je veux te laisser là-bas et refaire ma vie ici ou ailleurs...

je dois te laisser partir, mais je m'accroche encore, à tout... ce qui était toi, te garder un peu, encore... Ne pas accepter cette réalité, trouver une autre issue, une fin différente ou pas de fin du tout... Que tu sois encore leur père! j'ai peur de t'oublier en te laissant partir...J'ai peur d'accepter ton départ, je n'y suis pas prête, les ptits princes non plus... M. vient de finir le livre que tu lui avais offert et aucun autre livre ne sera de toi...R. sait lire malgré toute l'angoisse que tu lui a transmis en lui disant qu'il était comme toi, qu'il échouerait comme toi, qu'il ne saurait jamais lire... Comment pouvais-tu de détester autant ? Je n'avais pas compris que tu souffrais autant... Tu as tué ta douleur depuis c'est nous qui souffrons...

Enfin, des moments pour moi où je peux ne m'occuper que de moi. Me réapproprier ma vie et réussir à ce qu'il soit mon passé et à enfin m'autoriser à exister. Cette nouvelle vie doit être plus douce, qu'elle commence enfin...

Mes amours, je suis dévastée pour vous, comment a-t-il pu vous abandonner, vous avez tellement besoin de lui pour bien grandir, je ne lui trouve pas d'excuses pour vous avoir privé de lui. Je vous trouve si dignes, si courageux face à cette épreuve. Vous m'avez tellement soutenu, en m'entourant de vos bras, en me couvrant de baisers, en me disant combien vous m'aimez... Je ne sais pas si j'arriverai un jour à me relever de cette épreuve, je ne sais pas si je vais réussir à bien vous faire grandir mais je vais faire tout ce que je pourrai pour alléger votre peine, pour rendre cette maison joyeuse et notre vie la plus heureuse possible qu'on conjure enfin toute cette souffrance et que la vie soit enfin belle.

La joie d'être en vie, la douleur de ta perte

Les plaisirs avec les ptilous mais sans leur papa

La maison pleine de copains mais vide de toi

Les émotions alternent d'un extrême à l'autre

La réalité s'impose même si je n'arrive toujours pas à l'affronter